Les informations sur les matières seront mis à jour régulièrement.

C’est lors de ma première année d’étude en école de mode, en 2012, que j’ai pris conscience de l’impact de l’industrie du textile sur la planète. En tant que designer nous avions un impact, mais aussi le pouvoir de changer les choses, et d’essayer de faire des choix éco-responsables.

Nous avons eu une première conférence : l’impact sur le climat des matières synthétiques, la souffrance des animaux, et surtout la souffrance des Hommes dans les « Sweatshop ». Quelques mois plus tard, le 24 avril 2013, le Rana Plaza, immeuble au Bangladesh, regroupant plusieurs usines de fast-fashion, s’effondrait et 1138 personnes perdaient la vie. Pour nous, consommateurs (compulsifs ?) de vêtements. C’est cet événement catastrophique qui à été l’élément déclencheur pour changer ma manière de consommer et créer !
Ça m’a pris 2 ans pour totalement arrêter la fast-fashion, aujourd’hui ça fait 5 ans et pourtant je vous assure que je ne manque pas de vêtements pour kiffer ma vie de créative ! Tant de possibilités s’offrent à nous (comme la seconde main et le vintage, un article par ICI)!

D’ailleurs je vous invite à regarder une télé-réalité (10 petits épisodes) norvégienne dans les ateliers de la fast-fashion ICI , le fameux documentaire « The true cost » ICI , et pour finir « les ouvriers du jeans » 4 petites minutes ICI .

À partir de la je me suis passionnée pour la recherche de matière éco-responsables, les teintures végétales etc.

Ce guide des matières (ci-dessous) regroupe les matières les plus couramment utilisées dans le textile et la maroquinerie, vous pourrez ainsi choisir celles qui sont selon vous éco-responsables et éthiques d’après les descriptions.

Les punchlines à sortir si on t’embête sur ton chemin éco-responsables :

  • Il faut environ 10,000 litres d’eau pour produire 1 kilo de coton, soit 2,500 litres pour un t-shirt classique (250 grammes de coton).
  • Dans la même logique, il faut donc entre 7000 et 10 000 litres d’eau pour fabriquer un jean !
  • Les traitements chimiques des textiles (délavage, teinture…) sont responsables d’environ 20% de la pollution mondiale de l’eau.
  • Il y a 4 millions de tonnes de vêtements jetées par an en Europe pour cause de mauvaise qualité.
  • Pour 5kg de vêtements synthétiques lavés en machine (les machines classiques contiennent entre 8 et 12 kilos) c’est 6 millions de microfibres relâchées dans les eaux et donc les océans.
  • Et pour finir c’est donc entre 20% et 35% des microparticules de plastique présentes dans les océans qui sont d’origine textile.

D’ailleurs j’ai bien envie de tester le GUPPYFRIEND pour mes maillots de bain ! C’est un sac de lavage qui limiterait la fuite de microparticules de plastique dans l’eau.

Alors oui oui, j’y viens, voici mon guide des matières !

LES MATIÈRES NATURELLES

COTON NON BIO : Bon donc vous vous en doutez, le coton est une plante qui consomme énormément d’eau et la surconsommation à pousser les agriculteurs à utiliser beaucoup de traitements chimiques. Le coton est tricoté comme nos doux tee-shirts, ou tissé de manière très robuste pour nos jeans, d’où sa grande présence sur le marché du textile.

COTON BIO : Le coton bio consomme 50% moins d’eau que le coton non-bio et n’est pas traité chimiquement. Il est principalement cultivé en Turquie, en Inde, en Chine et aux États-Unis.

LIN : Le lin est une plante cultivée principalement dans les zones tempérées proche de la mer. Notre belle Normandie est la première productrice mondial de Lin (dont le lin textile). Le lin est robuste, thermorégulateur, léger. Sa culture est peu gourmande en eau et en pesticides et les étapes de fabrication du fil de lin (teillage, filature, tissage, confection), ne consomment que peu d’énergie

Je vous invite à regarder ce jolie documentaire France 3 « La vallée du lin – Histoire de se balader en Normandie »

CHANVRE : Le chanvre est une plante très robuste, elle n’a besoin d’aucun traitement et consomme très peu d’eau. Le chanvre est thermorégulateur, antibactérien, et antistatique.

On lit malheureusement beaucoup d’erreurs à propos du chanvre. Lors des recherches de matières pour mon travail, j’ai eu la chance de pouvoir contacter (en septembre 2019) Nathalie Revol, acteur au sein de la fondation lin et chanvre de France. Elle à pu m’enseigner tout le procédé de culture de chanvre textile, qui n’est malheureusement plus possible en France aujourd’hui. Les arracheuses de pousses françaises doivent être adaptées à la hauteur du chanvre (environ 2 mètres), ce qui n’est pas encore possible.
En effet la France est un grand producteur de chanvre, entre 10.000 et 15.000 ha par an. Ces cultures sont destinées à l’alimentaire et la filière des agro-matériaux mais malheureusement aucune production n’est destinée au textile, sauf à titre expérimental. Plusieurs études sont en cours et l’association « Lin et Chanvre Bio » travaille à ramener la culture de chanvre textile en Europe ! Aujourd’hui le chanvre vient principalement de Chine.
N’hésitez pas à vous informer sur https://linetchanvrebio.org/

ORTIE : La tige de l’ortie est une fibre textile d’excellente qualité avec laquelle on fabriquait autrefois, au Moyen-âge, cordes et toiles. C’est une plante vivace dont la culture ne nécessite aucun produit polluant. L’ortie est à la fois biodégradable, léger, solide et thermorégulateur.

A compléter : Je n’ai pas encore confirmation de cultures d’ortie destinées au textile en France (n’hésitez pas à me contacter si vous détenez des informations).

LES MATIÈRES NATURELLES ANIMALES

SOIE : La soie provient d’un cocon fabriqué par une chenille « bombyx du mûrier » que l’on appelle généralement le ver à soie. C’est une matière douce, légère, solide, thermorégulatrice, mais difficile d’entretien. La technique permettant de produire la soie date de 2500 av. J.-C (dingue dingue !). Afin de récupérer le fil du cocon, les chenilles, de futurs papillons, sont tuées en étant ébouillantées. 90% de la soie est produite en Asie, principalement en Chine et en Inde.

LAINE : La laine provient, en premier lieu, de la tonte des moutons. Elle retient la chaleur, est relativement étirable et reprend facilement sa forme originelle. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Chine sont les principaux producteurs de laine.

Il faut savoir que la tonte des animaux est souvent faite dans de terribles circonstances pour un rendement industriel. Le label « Woolmark » peut assurer de la laine de première qualité provenant de la tonte d’animaux sains et vivants. Mais surtout n’hésitez pas à acheter vos pelotes de laine dans des petites élevages, bienveillant et Français.

MOHAIR : Le mohair est une laine fabriquée à partir de la toison de la chèvre angora. Elle est thermorégulatrice et d’une très grande légèreté (comme un nuage, oui oui). Du fait des mauvaises conditions d’élevage dénoncées par PETA en 2018, plus de 150 marques ont décidé de cesser de commercialiser des produits contenant du mohair. L’Afrique du sud, les Etats-Unis, la Chine, la Turquie et l’Iran sont les principaux producteurs de mohair.

ALPAGA : La laine alpaga est la fibre textile donnée par le lama pacos ou plus connu sous le nom d’Alpaga. La laine d’alpaga est une fibre haut de gamme, plus douce, plus chaude, plus résistante et plus légère que la laine de mouton. Elle est également hypoallergénique.

ANGORA : La laine angora est produite avec le poil long et soyeux du lapin angora, mais aussi parfois du yack ou du mouton angora. Elle est récoltée par tonte ou épilation au peigne. En Chine, cela se fait généralement par arrachage du poil à vif, ce qui peut entraîner la mort de l’animal. En 2013, PETA a lancé une campagne de boycott, conduisant 220 entreprises à stopper toute vente d’angora.

CACHEMIRE : Le cachemire est réalisé à partir de poils de chèvres vivant sur un territoire qui s’étend du nord du Cachemire pakistanais au nord de la Mongolie, et également sur les hauts plateaux de Xinjiang, en Chine. Le nombre de fils détermine l’épaisseur du cachemire. C’est une matière haut de gamme reconnue pour son extrême douceur et sa grande chaleur.

CUIR : Le cuir est la peau d’un animal, généralement de la peau de mammifères tels que le bœuf et le porc, mais aussi de poissons. Le cuir est tanné chimiquement par les tanneries. Mais depuis peu le tannage végétal se développe. Il se fait sans chrome, avec des tanins d’origine végétale comme les feuilles, les racines, l’écorce, mais consomme beaucoup d’eau.

Différents « cuirs végétaux » sont en développement, à voir dans la partie « matières innovantes » !

Vidéo: « L’industrie du cuir et ses effets sur l’environnement » ICI (même pas trash promis).

FOURRURE : La fourrure est la peau d’un animal. Souvent exotique et/ou rare (je n’ai pas eu le courage de vous écrire le procédé, la partie cuir m’ayant déjà bien écœurée). Malgré beaucoup de marques qui boycottent la fourrure, ce secteur représentait encore 35 milliards d’euros en 2018.

LES MATIÈRES SYNTHÉTIQUES

POLYESTER : Le polyester est une fibre artificielle dérivée du pétrole. C’est malheureusement la fibre synthétique la plus produite dans le monde. C’est une matière qui ne se froisse pas et est facile d’entretien. Par contre, elle n’est pas du tout thermorégulatrice, ne tient donc ni chaud ni froid, et on transpire comme des petite cochons dedans.

POLYAMIDE : Le polyamide et le polyester sont similaires, tous deux issus d’un procédé chimique à base de pétrole, même si le polyamide a une plus grande élasticité que le polyester.

NYLON : Le nylon est un type de polyamide, encore une fois pétrole… Utilisé principalement pour les vêtements de sport et maillots de bain. Il se recycle facilement mais produira malgré tout des microparticules de plastique lors des lavages.

ACRYLIQUE : L’Acrylique est… suspense… dérivée du pétrole. La production d’acrylique requiert 30% d’énergie supplémentaire par rapport au polyester, aie. Elle est souvent utilisée pour imiter la laine et la fourrure. Lors de sa combustion elle dégage du CO2 et du HCN, un gaz extrêmement toxique pour l’être humain.

POLYURÉTHANE : Le polyuréthane est un polymère d’uréthane, une molécule organique… j’ai eu assez de mal à comprendre sa composition mais apparemment c’est également un dérivé du pétrole ! On l’utilise souvent en tant que simili-cuir car il est étanche.

ÉLASTHANNE / SPANDEX / LYCRA : 3 noms pour une seule matière. C’est une fibre synthétique, composé à plus de 85% de polyuréthane. C’est une matière élastique, souvent mélangée à d’autres matières pour donner de la souplesse, comme pour pour les vêtements moulants. Il n’existe pas encore d’équivalent éco-responsable.

POLYCHLORURE DE VINYLE / PVC : On le retrouve sous plusieurs textures et souvent en tant que simili-cuir. Composé à 57 % de sel de mer et à 43 % de pétrole, sa fabrication nécessite du chlore. Le PVC est une matière qui peut être facilement recyclée plusieurs fois, sans dégradation de ses propriétés d’origine. Les déchets en PVC recyclés peuvent être utilisés soit pour fabriquer les mêmes produits, soit de nouveaux.

LES MATIÈRES ARTIFICIELLES

FIBRE DE BAMBOU : La fibre de bambou est une fibre de cellulose fabriquée à partir de bambou naturel. Elle n’est généralement pas fabriquée directement à partir des fibres de la plante, c’est une fibre synthétisée à base de cellulose de bambou.

VISCOSE / RAYONNE / MODAL / ACETATE : Ces matières sont fabriquées à partir de la même matière première : la cellulose. On la trouve dans la paroi des cellules des végétaux, et notamment du bois, principal constituant de la viscose. Ces matières sont douces, respirantes et ont un aspect soyeux.

Malgré tout, la viscose étant très populaire, elle participe à la déforestation. De plus, la fabrication de viscose nécessite l’utilisation de disulfure de carbone, un produit chimique toxique, inflammable et polluant. Le procédé de fabrication est également très gourmand en eau : de 4000 à 11 000 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer 1kg de viscose.

Voir Viscose ECOVERO® dans les matières innovantes !

TENCEL® / LYOCELL : c’est une matière fabriquée à partir de cellulose d’eucalyptus ou d’arbres feuillus et a une consistance similaire au miel avant d’être transformée. La culture d’eucalyptus nécessite peu d’eau. Cette matière est résistante, respirante, et hypoallergénique car elle peut filtrer les bactéries et les polluants.

LES MATIÈRES INNOVANTES

ECONYL® : L’Econyl® est une fibre 100% recyclée et 100% recyclable, créée à partir de déchets en nylon. Chutes de tissus d’industrie, de filets de pêche, de moquettes… sont recyclées, transformées en un nouveau fil, puis un nouveau tissu. Cela dit le nylon étant une matière synthétique, l’Econyl® rejettera malgré tout également des microparticules de plastique dans l’eau lors des lavages. N’hésitez pas à vous informer sur https://www.econyl.com/

ECOVERO® : L’ Ecovero® est une viscose écologique produite par l’entreprise autrichienne Lenzing. C’est donc une fibre artificielle chimique produite à l’aide de pulpe de bois et de solvants tel que la viscose classique. Sauf que le bois utilisé pour les fibres ECOVERO® est issu de forêts durables, certifiées FSC ou PEFC. L’entreprise Lenzing serait totalement transparente sur les sources du bois acheté. L’Ecovero® a une consommation d’eau ainsi qu’un impact environnemental minime comparé à la viscose traditionnelle, et le procédé de transformation du bois en tissus suit des normes strictes imposées par l’EU Eco Label. N’hésitez pas à vous informer sur https://www.ecovero.com/ .

PEACE SILK® : Cette matière est donc de la soie classique mais dont le cocon aura été proprement découpé afin de libérer le papillon, avant de lancer le procédé de création de fil de soie avec le cocon. Elle provient de culture biologique en Inde. N’hésitez pas à vous informer sur https://www.peacesilk.global/ .

PINATEX® / CUIR D’ANANAS : est créé à partir de fibres de feuilles d’ananas, une invention du Dr Carmen Hijosa. Il est produit à partir de déchets, il ne requiert donc pas de terrain où planter, ni d’eau, ni de pesticides ou d’engrais supplémentaire. Il évite également l’usage de produits chimiques toxiques ou de métaux lourds. N’hésitez pas à vous informer sur https://www.ananas-anam.com/ .

MUSKIN™ / CUIR DE CHAMPIGNON : Cette matière est extraite du chapeau du champignon et n’utiliserait aucune substance chimique. Je n’en ai encore jamais vu dans le commerce, mais j’ai hâte !
N’hésitez pas à vous informer sur https://lifematerials.eu/MuSkin-en.pdf .

À venir : CUIR DE RAISIN, FIBRE DE GRAIN DE CAFE, FIBRE DE LOTUS, REFIBRA… Ainsi qu’un article sur les labels éco-responsables et éthiques !